Vesperine

Perpétuel - Album Cover

Perpétuel (2024)

Perpétuel (2024)

Sans cesse. Tout le temps.
Tant que ses mots parviennent jusqu’à nos tympans.
Tant qu’ils nous agressent avec acharnement.
Soyons la colère contre cette nature qui ment.
Tant qu’elle susurre entre nos fissures toutes ses promesses d’un futur clément.
Devenons le hurlement.
Soyons le cri, celui qui se dresse contre ce bruit permanent.

Devenons le hurlement.
Soyons le cri.
Tant qu’elle nous dit que demain est meilleur
Quand le jour qu’elle construit est un nouveau leurre.

Nous ne pouvons faire autrement lorsque chaque soir
Le même chuchotement, la même histoire est répétée constamment. Éternellement. Inlassablement.
Nous ne pouvons faire autrement lorsque chaque soir,
Le même serment est murmuré constamment. Éternellement. Inlassablement.
Sans cesse. Tout le temps.
Quand toutes ses promesses ne sont qu’un grondement dément.
Sans cesse. Tout le temps. Tant que la nature nous ment.

Dansez, couleurs criardes dans le ciel,
Tous vos efforts sont superficiels.
En nous, le soleil brille par son absence
Et sature le monde d’un gris intense.

Poussez, fruits aux bruyantes odeurs,
Nous vous savons pourris à l’intérieur.
Rien ne peut duper notre clairvoyance,
Aucune saveur n’est plus fade que l’existence.

Chantez, sirènes, cette mélodie malsaine,
Beaucoup se noieront dans votre haine.
Somme toute restent à bord ceux qui laissent
Ces maudits hommes croquer dans la pomme.

Insensible à l’universelle liesse,
À tous ces artifices,
À toutes ces promesses.
Et si toutes nos fleurs sont fanées,
Et si toutes nos teintes sont passées
Et si tous nos êtres sont brisés,
Tes artifices et tes promesses ne peuvent rien changer.

Si tu le peux, vieux monde perfide,
Crée un nouveau jour pour remplir le vide.
Sers-leur cet espoir qui les fait vivre,
Offre-leur ce bonheur qui les rend ivres.
Pourvu qu’ils s’en donnent à cœur joie
Et qu’émerge l’allégresse sur les berges de l’innocence.
Baignée dans la clameur et la rutilance,
La mort exerce sans qu’ils ne le remarquent.
Alors mène-les en bateau comme tu mènes ta barque.

Si tu le veux, vieux monde en berne,
Laisse ton souffle lassé nous pousser vers tes plaines mornes et ternes
Où le flot monotone des vagues sur tes rivages creuse des cernes,
Un paysage ridé que tu t’épuises à farder.
À ta guise, à ton gré,
Loin, laisse-nous partir en silence.
Loin, entre tes sillons, dévoile-nous l’horizon.

Tu peux t’efforcer de leur faire croire,
De leur montrer ce qu’ils veulent voir,
Leur offrir ce qu’ils demandent, une énième fois,
Pourvu qu’ils s’en donnent à cœur joie
Et qu’ils se noient à corps perdu dans le sournois de tes étendues.
Nous savons de toute façon qu’il n’existe aucune raison d’espérer.

Une énième fois, tu peux remplir le vide
Ô vieux monde perfide,
Puisque tu n’as rien prévu d’autre, tu peux les divertir.
Ô vieux monde en berne,
Puisque tu n’as rien prévu d’autre, tu peux les pervertir.
Mais loin, tu peux nous laisser partir en silence.
Puisque tu n’as jamais prévu de donner un sens à notre existence.

Le silence. Ce silence.

Seul le poids du silence nous aide quand l’espace d’un instant les lois de la nature cèdent.
Les pans des murs du temps s’effritent et toutes les planètes quittent subitement leur orbite
Jusqu’à ce que plus rien d’autre ne nous pèse dans cet univers en crise.
Lorsque nos espoirs se taisent et abandonnent leur emprise sur notre matière grise.
Seul le poids du silence écrase chacune de ses phrases.
Seul le poids du silence nous apaise.

Une vie sans espoir est un laboratoire.
Garder nos sens en éveil dans la clarté comme dans le noir.
À l’état brut, délivrées de toutes limites,
Nos idées s’émancipent et gravitent
Toutes autour du même principe :
Éviter au plus vite la chute dans le vide.
À l’état brut, nos idées en profitent.
À l’état brut, nos pensées deviennent fluides.
Quand il n’y a plus aucune forme d’espoir nulle part.

Juste une seconde sans espoir.
Une seconde comme une vie dans un laboratoire.

Juste une seconde sans espoir.
Une seconde comme une vie dans un observatoire.

Garder nos sens en éveil de l’aurore jusqu’au soir.
Le but est limpide : décider une autre suite
Et explorer sans relâche les richesses qui se cachent
À des milliards d’années-lumière de son regard,
Là où il n’y a plus aucune forme d’espoir nulle part.

Nous donnons naissance à des causes. Avec méthode.
À de nouvelles conséquences. En cassant ses codes.
À des milliards d’années-lumière de son regard,
Pour être plus qu’une interférence à son égard.
Décider une autre suite. C’est une science. C’est un art.

Aussi pure soit la graine plantée dans les vastes champs de la pensée,
Aussi sûre et certaine soit-elle de ses fastes plans, éclore et prospérer,
Elle finit infectée. Souillée.
Dans le sol que piétine l’espoir depuis tant d’années,
L’idée saine ne peut être que souillée.
Aucun germe n’arrive à son terme sans être corrompu.
D’une main ferme, il arrache notre herbe bien qu’elle s’évertue
À pousser, à verdoyer.
Il est l’engrais enfoui en nous.
Il est la gangrène qui pourrit tout.

Ainsi, nous sommes à sa merci.
Ainsi, nous ne pouvons croître sans croire.
L’espoir laboure toujours les racines de notre terroir.

Mais chaque jour baigne d’un soleil d’enfer
Les bourgeons naissants de notre colère.
Et chaque nuit couvre d’un brouillard, sur des milliers d’hectares
notre révolte en jachère.
Notre haine contre ce qui nous gangrène.
Notre haine qui tous nous gangrène s’évertue
À pousser, verdoyer à perte de vue.
Sans cesse. Tout le temps.
Tant qu’il piétine avec acharnement nos graines plantées dans ces vastes champs.
Tant qu’il détruit tous nos fastes plans.
Sans cesse. Tout le temps.

Espérer Sombrer - Album Cover

Espérer Sombrer (2019)

Espérer Sombrer (2019)

Que la lumière s’éteigne
Pour que les couleurs règnent

Dans notre monde le sombre est un allié
La nuit profonde est un escalier
Pour descendre et rejoindre
La plus complète des obscurités
Car dans le noir à chaque fois renaît l’espoir
Un sentiment de sécurité
Quand le soir installe son voile 
Nous protégeant de l’éclat violent des étoiles

Ensemble et sous ce ciel de ténèbres
Peuvent ressurgir tous nos désirs funèbres
Tant que les rayons brulants du soleil
Dont nous sommes la cible
Ne balaient pas notre barrière qui veille
Sur nous, si photosensibles
Car dans le noir renaît l’espoir
De ne plus jamais voir le jour

Mais il se lève encore
Et redouble d’efforts
Pour faire briller nos torts
Le jour se lève encore et encore
Chaque aube un peu plus fort

À l’abri des assauts de la lumière
Nous sommes tous forts
Nous sommes tous fiers
A l’abri des assauts de la lumière
Nous sommes tous forts
Nous sommes tous frères
Égaux dans l’ombre
Peu importe notre nombre

Nous sommes tous les mêmes
Face à la peur qu’une simple lueur sème

Là où tes larmes naissent
Quand le flot de tes supplices
Passe et glisse avec tendresse
Sur chacune de tes cicatrices

Quand tes armes se baissent
Les tourments qui te blessent  
S’esquissent lentement sur ton faciès
Et y laissent tant de somptueux reliefs

Vraiment que la douleur est belle sur ton visage

Eblouis moi pour toujours
Toi merveille qui scintille
Fais que mon esprit vacille
Pour que se confondent les nuits et les jours
Plonge-moi dans ton ombre qui brille
Eclaire moi encore de ton noir
Que tu craches comme du sang
Montre-moi que l’espoir n’est pas blanc

Sur ton masque de souffrance
Il existe tellement de nuances
Milles couleurs qui dansent
Avec une magnifique violence

L’Immensément Noir
Se regarder dedans pour voir
Enfin plus clair
À travers le désespoir
La lumière c’est
L’Immensément Noir

Percher son âme tout en haut du plongeoir
Quand le soleil se couche
Être prêt à sauter dans la mâchoire du mal
Tout en bas qui ouvre grand sa bouche
Nager dans les eaux épaisses des abysses
Chercher une lueur parmi les précipices
Jusqu’à ce que la nuit laisse sa place

Le jour toute trace d’espoir s’efface

L’Immensément Noir
Se regarder dedans pour voir
Enfin plus clair
À travers le désespoir
La lumière c’est
L’Immensément Noir

J’ai regardé par la fenêtre
J’ai vu le chaos naître
Je lui ai laissé ma porte grande ouverte
J’ai espéré rester maître de mes peurs
Ne rien laisser transparaître
Du profond et puissant désir d’être
Celui que l’ombre pénètre
Pour posséder son intérieur
Le premier, le seul, le traitre
Qui accueillera l’enfer dans sa demeure

Je suis l’hôte affable et célèbre de tous les diables
Je suis l’hôte affable et célèbre de tous les démons
Ils habitent ma maison
Ils habitent mon esprit
Ils habitent mon corps

Ce soir une armée de soldats déferle dans mes couloirs
Et crache une horrible bile noire
Leurs sens aiguisés comme de gigantesques lames
Transpercent mes pensées et perforent mon âme
Des tonnes de monstres voraces dévorent ma carcasse
Lacèrent mon cuir mais je ne veux pas fuir
Le dernier souffle de ma vie éteindra toutes les bougies

Parmi les autres - Album Cover

Parmi les Autres (2015)

Parmi les Autres (2015)

Leur cité crame
Prise au piège dans les flammes
D’un feu qu’eux-mêmes animent par la haine
Ancrée profondément dans leur âme
Et dans leurs gênes
Ad vitam

Cette haine qui les façonne
Qui le fascine
Qui l’habite et l’empoisonne
Autant que ceux qu’il espionne
Tout en haut de la montagne
Il attend qu’eux lui donnent
Leur dernier corps brûlé
Il attend que leur ville tombe en ruine
Et que chaque coeur calcine
Il attend
Il surveille
Il entend
Et ces cris sont pour lui un oracle
Le signe que ce soir le spectacle
De ces hommes sera en somme comme un miracle

Il attend
Il surveille
Il entend
Tant de temps maintenant qu’il maintient son bûcher incandescent
Tant de temps qu’il attend d’être le seul encore vivant
Pour qu’enfin il puisse s’y jeter et mettre fin
À ce pitoyable genre qu’est l’être humain

Marcher
Sans jamais s’éloigner de la ligne
Tracée au milieu de la route
Suivre éternellement les consignes
Et surtout ne rien mettre en doute
Onduler
Lentement sur le bitume
Adapter l’allure
Muer quand il faut changer de costume
Toujours adopter la bonne posture
Les vibrations du sol sont un guide
Qui le dirige toujours plus près du vide
Car au loin il n’y a rien
Pour l’homme qui se transforme
Pour le serpent qu’il devient
Changeant de peau
Quand le monde change de norme
Rien non plus pour le mouton
Suivant le troupeau au fond
Quand la mode est une prison
La carotte mais aussi le bâton

Non rien pour le mouton
Non rien suivant le troupeau au fond
Non rien car la mode est une prison
Non rien la carotte mais aussi le bâton
Non rien

Les vibrations du sol sont un guide
Qui le dirige toujours plus près du vide

Au loin juste le néant
Pour l’âne qui avance en rang
Charriant tout le poids de ses torts
Subissant à chaque instant
La loi du plus fort
La loi du plus puissant

En chacun d’eux
Une tour colossale se dresse
Cauchemar vertical qui ne cesse
D’horrifier ceux qui par faiblesse
S’isolent dans ses sous-sols
Et se désintéressent des promesses du ciel
À son sommet
Tout en bas en effet
Tous ont l’air satisfait
Cloitrés dans l’ombre
Préférant l’air vicié d’un coin sombre
Et suffoquer dans leurs propres décombres
Mais en si basse altitude
Les idées deviennent vite morbides
Et la peur du vide
Rend la pensée rigide

Ainsi l’esprit s’élève s’il ose
Se délivrer
Des vertiges
De la pensée close

Dans les bas étages
Incapable de s’insurger
Tous sont rongés
Par la même rage que ces rats qui partagent
La minuscule cellule dans laquelle ils s’acculent
Tous sont rongés

Rares sont ceux qui replongent dans leurs calculs
Une sorte de long voyage entrepris il y a bien des années
Tous sont rongés

Rester enfermés dans ces cages ridicules
Ou chercher un moyen d’escalader
Se ranger derrière la même cause
Se ranger dans la même case
Et perdre l’envie
De connaître autre chose

Ainsi l’esprit s’élève
S’il ose
Se délivrer
Des vertiges
De la pensée close